La nécessaire minute de râlerie
Parce que tout de même, on vit dans un monde sans avenir.
Par exemple, il est devenu impossible de lâcher une phrase en allemand sur son blog sans passer pour une groupie de Tokio Hotel. On en vient à oublier qu'avant Tokio Hotel, il y avait Goethe.
Il est également devenu impossible de dire "J'aime bien ce que fait Tim Burton" sans que vingt-cinq emokids prépubères répondent de concert "Oh ouiiii moi aussiiiii j'adooore! Surtout l'Etrange Noël de Mister Jack! J'ai un sac et un portefeuille et un débardeur et des chaussettes et un string et une trousse et un rouge à lèvres avec Jack dessus!!". On en vient à oublier qu'avant cette débauche mercantile, il y avait un cinéaste talentueux et un public cultivé.
Il est devenu tout simplement inenvisageable pour moi de communiquer avec un être vivant sans forcément placer, à un moment dans la conversation "moyenne", "prépa", "bac", "réviser", "apprendre", "dissertation", et surtout "bon bah j'y retourne". On en vient à oublier qu'avant la première, j'avais une vie sociale.